mercredi 3 septembre 2008

Des secteurs d'activité économique. Proposition pour une nouvelle classification.

Par Jacques Soppelsa,

Il y a bientôt un siècle que la plupart des statistiques, y compris les plus élaborées, relatives aux secteurs d'activités économiques, font plus ou moins explicitement référence à la bonne vieille trilogie chère à Colin Clarke : secteur primaire, secteur secondaire, secteur tertiaire. Semblable approche ne manquait certes pas d'intérêt, y compris au plan des comparaisons internationales. Mais à l'heure de la globalisation et des effets induits de cette dernière, ladite trilogie peut, en bien des points, apparaître comme singulièrement réductrice. Mieux, ou pire, elle ne permet plus d'appréhender, par sa rigidité, l'évolution récente réelle de pans entiers de l'économie en générale celle de notre pays en particulier.

En prenant pour principe de base, non plus cette ventilation par types classiques d'activités économiques, mais une classification ordonnant ces activités selon leur "nature" économique et leur appartenance à telle ou telle structure de marché (compte tenu de l'évolution de l'économie mondiale, de la progressive mutation du système libéral et de son relais par une situation de facto de plus en plus complexe, juxtaposant des secteurs "ouverts" et "fermés"), nous suggérons un nouveau type d'approche, une nouvelle trilogie:

- un "secteur exposé' à la concurrence internationale, aux prix fondamentalement influencés par les prix des importations : pour l'essentiel, la plupart des industries de transformation;

- un "secteur protégé" de la concurrence internationale, où les prix d'offre sont (eu égard au comportement d'autofinancement des entreprises) déterminés par les producteurs : secteur regroupant notamment les industries du bâtiment, le secteur des transports, les activités commerciales, les services privés;

- un secteur "administré, où les prix sont fortement dépendants de la décision publique, soit directement (tels les services publics civils et militaires) soit indirectement (subventions)…

Cette ventilation, qui mériterait, certes, d'être affinée, permet de souligner d'ores et déjà le caractère plus ou moins hétérogène des systèmes économiques, la diversité des modes de fixation des prix, et les lignes de force majeures de l'évolution récente du monde du travail.

A titre d’exemple, cette approche, appliquée au cas des Etats Unis, entre 1960 et 2000, permet d'obtenir les résultats suivants:

- de 26% (1960) à 16% (2000) pour le secteur "exposé; de 50% (1960) à 54% (2000) pour le secteur "protégé" et de 24% (1960) à 30% (2000) pour le secteur "administré".

On constate ainsi, sur près d'un demi siècle, une tendance soutenue à la diminution du secteur "exposé", clef de voûte de l'ancien système capitaliste libéral, d'économie ouverte de marché; diminution qui s'effectue de manière à peu près équilibrée au profit des activités protégées (obéissant dans ses grandes lignes aux règles économiques des marché fermés) et d'un secteur "administré" dont l'évolution récente montre clairement, n'en déplaise à maints auteurs, que les Etats Unis représentent en définitive un fort bel exemple d'interventionnisme étatique !

Parions que semblable approche pourrait permettre d'appréhender les réalités économiques "objectives" de la France sous un angle moins traditionnel, voire moins sujet à caution.

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